Comment c’est devenu un ouragan

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En fin d’après-midi, je dois me rendre au Museum, puis chez Camilla et Matthias boire un café, avant de rejoindre Jeanne chez Mette et Age. Malgré la météo qui s’est dramatiquement dégradée depuis le début de l’après-midi, l’un de mes colocataires, Nuka, est parti il y a une demi-heure. Je me dis, donc, que mes plans ne sont pas devenus complètement caduques à cause des intempéries. Au moment où je m’apprête à filer, deux de mes colocataires m’en dissuadent vraiment. Je suis finalement leurs conseils, dont je suis d’autant plus reconnaissants lorsque Nuka, détrempé et coloré par les évènements, est de retour d’une aventure dont il se serait bien passé. J’envoie un message à Jeanne pour m’assurer que le rendez-vous avec Mette n’est plus d’actualité. Jeanne me dit qu’elle s’est, elle aussi, faite peur en bravant la tempête un peu plus tôt dans l’après-midi. Le jeudi suivant, en milieu d’après-midi, alors que je monte en direction de station météorologique du village, je me remémore les quelques histoires que j’ai entendu sur ces rafales de vent et les importantes chutes de neige qui ont chahutées le village de mardi après-midi à mercredi matin. A force de réitérer ces bouts que j’ai gardé en mémoire, la question me semble évidente : “How it became an hurricane?”

Autrement dit, comment ces rafales dans lesquelles j’avais hésité à m’engouffrer sont devenues un Ouragan pour lequel je n’aurai jamais poursuivi de tels projets ? Au moment où je me formule cette question, je sens que je tiens quelque chose d’intéressant à investiguer. Tout part d’un message envoyé par Mette à Jeanne, pour s’assurer qu’elle est bien en sécurité, précisant que des rafales frappent à 44m/s. J’imagine que le chiffre provient de l’application Windy, très populaire ici et considérée comme plus fiable que les modélisations de la DMI, l’agence météorologique danoise. Jeanne a le réflexe d’un calcul en croix pour mettre les choses à l’endroit : 154,7km/h. Improbable, se dit-elle. Le lendemain, en allant faire ces courses au Pilersuisoq, elle croise René, l’un des quatre employés de la station météorologique, elle partage avec lui : 154,7km/h ? Surpris, lui aussi, par la violence des rafales de la veille, il tranche : “It was actually an hurricane”.

– How it became an hurricane

At the end of the afternoon, I have to go to the museum, then to Camilla and Matthias for a coffee, before joining Jeanne at Mette and Åge’s. Despite the dramatically worsening weather, one of my roommates, Nuka, left half an hour ago. As I am about to leave too, two of my housemates really dissuade me. I take their advice. The following Thursday, in the middle of the afternoon, as I walk up to the village weather station, I remember the few stories I heard about the gusts of wind and the heavy snowfall that have been heckling the village. The question now seems obvious to me, “How did it become a hurricane?” How did these gusts that I had hesitated to get into become a Hurricane that I would never have pursued such plans for? It all starts with a message sent by Mette to Jeanne, to make sure she is safe, stating that gusts hit at 44m/s. I guess the figure comes from the Windy application, very popular here and considered more reliable than the models of the DMI, the Danish Meteorological Institute. Jeanne directly put things right: 154.7km/h. Unlikely, she thinks. The next day, while going to do her shopping at Pilersuisoq, she meets René, one of the four employees of the weather station, she shares with him: 154,7km/h? Surprised, he too, by the violence of the previous day’s gusts, he says: “It was actually a hurricane! Was it really? Does this category make sense for the inhabitants of the village, is the threshold of 33 meters and dust per second a relevant threshold? Are these phenomena not too frequent here to use such big words?