Le gouvernement groenlandais affirme son opposition à un développement incontrôlé des ressources minières et pétrolières

Alors que Múte Egede a été élu en avril dernier sur la promesse de mettre fin au contesté projet minier Kuannersuit, et plus largement de remettre en place une politique de tolérance zéro vis-à-vis de l’uranium, le gouvernement de coalition semble prêt à aller plus loin avec la suspension des activités pétrolières sur le sol groenlandais.

Le 5 juillet dernier, le ministère des matières premières a lancé une consultation visant à réintroduire la tolérance zéro vis-à-vis de la délivrance de permis d’exploration et d’exploitation de matières radioactives. Celle-ci s’inscrit dans la droite ligne de l’accord de coalition signé entre IA et Naleraq, avec le soutien d’Atassut, en avril dernier. 

Faisant valoir des considérations environnementales et climatiques, ainsi que les impacts sur les autres activités économiques du pays (chasse, pêche, tourisme notamment), le gouvernement groenlandais a également décidé d’abandonner toute future exploration pétrolière dans le pays. Les organisations écologistes, en particulier WWF et Greenpeace qui ont été actives dans la lutte pour l’arrêt des forages pétroliers dans l’Arctique, se réjouissent de la décision groenlandaise. Le Ministre des affaires étrangères Pele Broberg a justifié la décision affirmant qu’« il est naturel que nous nous orientions vers les opportunités de l’avenir et non sur les solutions du passé ». 

Pourtant le potentiel pétrolier groenlandais – estimé à 18 milliards de barils de pétrole enfouis sur la côte ouest et 36 milliards de barils de gaz naturel et de pétrole brut à l’est – a longtemps été présenté comme la voie privilégiée pour se défaire de la tutelle danoise et rendre superflue la subvention globale du Danemark de 3,9 milliards de DKK par an. Néanmoins, si des permis d’explorations ont été attribués ces dernières années – quatre sont toujours en cours, mais disposent d’un potentiel limité – les coûts souvent prohibitifs d’exploitation pétrolière en Arctique et les variations spectaculaires des prix du pétrole au grès des crises ces dernières années, n’ont pas donné d’illustration convaincante des possibilités réelles du secteur. Si bien que la note commandité par le ministère des matières premières précise que le Groenland à plus à gagner en suspendant ses activités pétrolières, notamment sur la scène internationale : “En annonçant activement que le Groenland, malgré ses riches ressources pétrolières, s’abstiendra d’extraire des hydrocarbures, nous pouvons plutôt mettre l’accent international sur le Groenland en tant que pays doté d’importantes ressources naturelles gérées de manière durable”. 

Ainsi, l’abandon des ressources pétrolières ne signifie pas que le Groenland se désengage de toutes activités minières, mais bien plutôt qu’il se concentre sur celles qui sont à la fois les plus rentables et les plus compatibles avec les activités économiques principales que sont la chasse, la pêche et le tourisme. Le gouvernement groenlandais déclare d’ailleurs qu’il continuera à se concentrer sur l’augmentation de l’utilisation des matières premières minérales et qu’il cherchera en outre à attirer des investissements pour utiliser le grand potentiel hydroélectrique, qui est actuellement inexploité.

Sources : RCINetING.